La saison, si on peut appeler cela une saison, n'a été qu'un feu de paille, arrêtée au bout de six journées émaillées de matchs reportés pour cause de cas Covid ou cas contacts. Dans ce contexte inédit, le Stade Bagnérais n'aura pu jouer que quatre matchs. Le premier avec la victoire à domicile dans le derby face à Lannemezan, suivi d'une défaite dans une rencontre compliquée à Tyrosse qui s'enchaînera avec une défaite à Cazenave devant Mauléon et une belle réaction couronnée d'un succès à Anglet le 6 octobre avant que le championnat soit suspendu puis stoppé officiellement le 26 février. Il a fallu se résoudre à un tel épilogue avec une énorme frustration, beaucoup de déception et de tristesse même si on s'y était préparé depuis plusieurs mois sur les bords de l'Adour. Malgré tous les efforts de la Fédération pour que la saison s'arrête pas, la saison blanche était inévitable. C'était devenu un secret de polichinelle confirme le président du Stade Bagnérais.
Patrice Padroni : Evidemment que tout le monde était un peu au courant qu'on ne pouvait pas continuer vu la pandémie qui règne. Maintenant est-ce que le plus important c'est que les gens puissent revenir au stade en septembre plutôt que de reprendre un championnat et l'arrêter à nouveau au bout de deux ou trois matchs ? Je ne sais pas. Nous en tout cas on était pour l'arrêt du championnat. Maintenant que les choses sont actées on peut se préparer tranquillement pour la saison prochaine, et il y a du travail à faire.
SB Com : Comment vit-on une saison comme celle là ?
Patrice Padroni : On la vit comme tout le monde, suspendus aux décisions du gouvernement. C'est une saison décevante pour tous les joueurs, je me mets aussi à la place des abonnés qui font la fierté de notre club, à la place des supporters, des dirigeants, des bénévoles qui donnent énormément pour le club, des partenaires qui nous soutiennent. C'est vraiment une saison qu'on espère plus revivre.
SB Com : Dans ce contexte exceptionnel il faut continuer à faire fonctionner et vivre le club à qui il manque l'essentiel : la compétition.
Patrice Padroni : C'est peut être paradoxal mais on travaille beaucoup plus que quand il y a le championnat. C'est un suivi avec trois ou quatre personnes qui font un travail admirable, en essayant de garder un contact avec les joueurs, avec les bénévoles, avec les partenaires grâce à un Annuaire des Partenaires qui vient d'être créé cette année. Mais surtout on réfléchit à toutes les possibilités pour pouvoir améliorer le club.
 SB Com : Bien que les entraînements se fassent sans contact (stade 3 du protocole FFR), l'école de rugby maintient le rythme, les cadets et les juniors se retrouvent le samedi matin, les seniors à huis clos le vendredi en milieu d'après midi, mais ils sont moins nombreux qu'à l'accoutumée.
Patrice Padroni : On ne va pas se leurrer, la fréquentation a diminué. C'est difficile de faire venir des gens pour 45 minutes d'entraînement, sans vestiaire et donc sans douche, pour au mieux se faire des passes sans pouvoir avoir cette notion de contact. Après, il y a un travail remarquable qui est fait par les entraîneurs et le préparateur physique avec des joueurs qui jouent le jeu. Ça permet de se maintenir un minimum en forme. Quand à maintenir le lien, en seniors c'est compliqué parce qu'on est obligé de s'entraîner le vendredi après midi et les joueurs travaillent. On est un club amateur. C'est pour cela qu'on va faire des samedis qui vont nous permettre de nous retrouver et de pouvoir vivre quelques moments ensemble. Ceci dit, pour moi le Stade Bagnérais ça n'a jamais que l'équipe 1 ou les Espoirs. On est jugés sur les résultats de l'équipe 1 c'est un fait mais ce qu'on a essayé de créer au Stade Bagnérais c'est une entité, de l'école de rugby en passant par les cadets, les juniors, les féminines jusqu'au groupe senior. Et là je dois avouer que chez les jeunes on a une bonne fréquentation aux entraînements. Ils ont envie. Quand ont est jeune, à 18 ans c'est les plus belles années qu'on vit. Et puis je me mets à leur place, on les prive de sorties, de tout, au moins qu'on leur donne l'accès au terrain pour leur permettre de se retrouver et de partager de bons moments.
SB Com : On devine que les regards et toutes les énergies sont tournés depuis plusieurs mois déjà vers la saison prochaine.
Patrice Padroni : Quand je disais qu'il y avait beaucoup de travail, il est là déjà, garder le groupe qu'on avait en début de saison en apportant peut être quelques petites retouches. On a déjà bien avancé sur ce point. On va rester fidèles à la mentalité du club, des retouches c'est pour apporter un plus, et après on reste avec nos jeunes qui commençaient cette année à franchir un cap. Ce que je peux dire c'est que j'ai rencontré beaucoup de joueurs et ils n'ont qu'une envie c'est de reporter les couleurs du club. Les entraîneurs seront les mêmes la saison prochaine. Nous on est sur la continuité avec un staff qui œuvre beaucoup dans l'ombre en ce moment, avec lequel on essaie de préparer une équipe compétitive pour l'an prochain.
SB Com : On sait déjà que le Tournoi du 1er Mai est annulé, par contre un tournoi de Rugby à 5 est programmé fin juin, et que le Stage Rugby d'Été est maintenu au mois de juillet. Mais pourra-t-on démarrer une nouvelle saison en septembre prochain ?
Patrice Padroni : Moi vous savez je suis un optimiste. Je ne vais pas dire qu'il ne va pas y avoir une saison prochaine. J'ai bon espoir que tous les progrès qui se font au niveau des vaccins et de la recherche nous permettent d'avoir une saison correcte l'an prochain. Maintenant, pour nous c'est simple, chaque fois qu'on nous a demandé notre avis, et on nous l'a demandé, on a dit qu'il nous était impensable de jouer sans nos supporters, sans nos abonnés, sans nos partenaires. C'est impensable de faire du rugby sans cela. Le rugby c'est avant tout un sport de convivialité et on reprendra à condition qu'il y ait du public.
SB Com : Un dernier mot justement sur ces formidables supporters qui rempli les tribunes de Cazenave le dimanche. Ils sont sevrés de rugby en ce moment.
Patrice Padroni : Bien sûr qu'on pense à eux, il suffit d'aller le samedi au marché, je pense que c'est le principal sujet de conversation. Nous on subit la situation. Le plus important, comme je le disais, c'est que tout le monde soit en bonne santé. Le rugby on le retrouvera tôt ou tard. Vous le savez, on a payé un lourd tribu au Stade Bagnérais avec la Covid, on a perdu des dirigeants, ça il ne faut pas l'oublier non plus. D'ailleurs on ne les oublie pas. Donc, je ne sais pas où est le plus important.

En attendant des jours meilleurs...